Pas vraiment rassasié des Alpes, on file à l'italienne jusqu'Oulx? Jusque Sestrière bien sûr, où après la plus longue et rude montée du voyage (que l'on imaginait plus relax), on atteint la célèbre station de ski italienne où nous battrons notre record d'altitude : 2035 m !
En effet, 12km d'ascension pour avoir la tête dans les nuages et déguster nos premières pastas. Mais la crème de la crème, ne sera pas dans la carbonara mais dans la longue descente qui serpente vers Turin.
Nous rentrons dans les nuages...
Comme la bomba alberto Tomba, on avale à toute allure les 50 km de descente dans la pluie et le brouillard pour finalement atteindre, au bout de 115km et les guiboles complètemet toastées, Turin et le guitariste voyageur Michele. C'est également l'inventeur du "Ciocolafe" - mais ne le cherchez pas encore dans les cafés, c'est une invention qu'on ne peut trouver que chez lui, un mélange unique de chocolat, de lait et de café !
Notre hôte Turinois nous fait déguster nos premières glaces et granites italiennes (la Sicilienne avec nous est effarée qu'on puisse vivre sans les granitas en France), nous entraîne à vélo dans les rues pavées de la ville ainsi qu'en musique avec quelques notes partagées et un cours de forro.
Gelati au café Fiorio à Turin, qui a compté parmi ses habitués... Mark Twain et Herman Melville !
La bien-nommée "part de polenta", ou le pari fou d'un architecte...
Le passage par Turin nous a également donné l'occasion d'apprendre "Gianna", la chanson d'un chanteur Italien engagé mort trop jeune : Rino Gaetano. L'air connu fredonné sur la route nous offrira le sourire voire l'accompagnement vocal des passants.
On sent à beaucoup de petits détails qu'on a quitté la France, à commencer par les rayons de pâtes dans les supermarchés. Les cyclistes locaux lèvent la main et nous saluent d'un "Ciao" chaleureux. Dans les petits villages du Nord de l'Italie (il paraît que c'est moins le cas que dans le Sud), on voit souvent des vieux hommes et vieilles femmes qui peinent à marcher mais ont conservé le coup de pédale de leur 20 ans pour aller faire leurs courses. Fréquemment, en demandant notre route, les cyclistes locaux se lancent dans de longues discussions dont nous ne comprenons parfois que des bribes, ou encore nous accompagnent un bout de chemin pour s'assurer de nous mettre sur le droit chemin.
Comme cette cycliste à qui nous expliquons le voyage, et qui nous répond qu'elle adorerait faire la même chose, mais que son mari n'aime que manger et dormir. Mais c'est justement ce qu'on fait beaucoup en voyage à vélo !
Nous trouvons aussi beaucoup de fontaines, dont certaines qui proposent même en libre service un choix entre de l'eau plate, de l'eau gazeuse et de l'eau réfrigérée. L'eau, le bien commun s'il en est...
Nous qui pensions n'avoir que du plat jusqu'à la Slovénie depuis que nous avions quitté les Alpes, nous découvrons que l'Italie du Nord a aussi ses côtes. Mais même avec des allures d'escargots, avec notre maison sur nos montures, on en vient à bout.
La charmante et paisible ville de Casale Monferrato nous offre sous une chaleur éprouvante un repas à la pizza et un repos à la piazza sous les yeux fatigués mais toujours curieux des papytaliens. Un cyclovoyageur italien s'arrête alors que nous changeons nos patins de freins, et nous offre des bouteilles d'eau fraîche ; il prépare un voyage jusqu'à Nice...
Le pont couvert de Pavia
L'arrivée à Pavia est superbe. Les habitants sont de sortie en ce beau dimanche ensoleillé... et les pickpockets aussi, attirés sans doute par les énergumènes francophones et chargés que nous sommes. Le porte-feuille d'Elena en fait les frais, ce qui est l'occasion de faire l'expérience des "carabinieri", les gendarmes, pour déclarer le vol : de quoi nous rendre le sourire ! Voici un petit extrait - véridique - de la déclaration en français qu'ils lui donnent à la fin de la déposition : " Sur et en place parfois je Smarrito mon portefeuille contenant {...} brevet chat conduite b sorti en France". Elle espère ne pas devoir repasser le brevet chat, c'était pas évident à décrocher !
Alessandro (ci-dessus) et sa coloc la femme du mur nous accueillent pour la nuit : grazie mille !
Les bords du Tessin, qui rejoint le Po un peu après Pavia
Le trajet Pavia - Milan sera la première pichta tchiclabilé en Italie, se déroulant le long d'un canal et d'une nationale, elle nous conduira tranquillement à Milan avant que l'on rejoigne difficilement la ferme d'une famille nichée en banlieue, chez Martina, Matteo et leur petite fille Gaia.
En effet, nous nous sortirons des griffes du traffic, des zones industrielles et des voies rapides en suivant une Vespa, n'est-ce pas, d'un Italien finissant sa journée de travail et s'improvisant guide pour nous sur plusieurs kilomètres...
Demander notre route est souvent l'occasion de belles rencontres, et de scènes rigolotes, où l'on croirait que le groupe de copains va s'entretuer sur la direction à donner, comme ci-dessus... "Ma no ! Sempre diritto", font-ils avec de grands gestes...
Rythmée à nouveau par des pavés qui nous font sucrer les fraises sur nos bitchiclettas, nous retrouvons Stéphanie (premier visage connu que l'on retrouve) au coeur d'une capitale lombarde où le luxe des commerces et la fashion attitude des piétons se côtoient... On a certainement d'ailleurs du lancer un nouveau style avec nos tenues de bachibouzouks, à suivre dans les prochaines collections milanaises...
Roberto, qui vient en fait des Pouilles, nous accueille tous les trois chez lui quelques jours. Il nous fait déguster des mets qui nous ferait presque revoir notre itinéraire pour aller les goûter à nouveau dans sa région. Les "frisella" en particulier, qui n'ont l'air de rien, sont une vraie tuerie. On retient aussi la "bomba pugliese" et le "pisto di pistacchia". Finalement, on voyage bien au-delà de Milan chez Roberto.
Après le Milan des shorts à 800€, on explore le quartier des canaux, des petits cafés, des "aperitivo" (une institution : un buffet all-you-can-eat pour trois fois rien) et du street art.
Matteo, une ami de Roberto, nous fait également visiter le centre historique, ses églises et ses peintures. Il a accueilli plus de 200 Couchsurfers, et on peut dire qu'il s'y connaît.
Le Dôme de Milan
Si si, c'est bien 300€ la bouteille d'eau sacrée. Et non, ce n'est même pas potable.
Rencontre avec Makiko au détour des rues de Milan
Prêts à tous affronter tous les risques...
Nos pas nous mènent vers un très beau mur, qui va jusqu'à la Maison de la Poésie, là où vivait la poétesse Alda Merini (quelques textes en français ici). En face, un petit café nous attire. Nous y retrouvons Mario, un personnage du quartier, que nous avions croisé la veille dans un bar. Avec sa tignasse et sa vieille valise, difficile de le louper. Il se présente comme poète et artiste, et nous accueille comme si nous étions de vieux copains. Il a renommé la rue "via della poesia", et travaille avec différents artistes sur les murs du quartiers. Avec lui; Edoardo et un de leurs amis, nous passons un petit moment comme on en vit souvent en voyage plus que dans nos vies quotidiennes, où il semble que des amitiés se tissent en quelques instants.
Avec nos nouveaux amis, devant la Maison de la Poésie
Live music dans un bar (le Nidaba Theatre) pour notre dernière soirée à Milan avec un duo virtuose (Maurizio Gnola et J. Ragazzon) dont les solos guitares ou harmonica se marient à merveille pour célébrer des classiques de blues.
Nous quittons Milan sur une belle piste cyclable, le voyage continue, plein Est !
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Oriane (dimanche, 12 juin 2016 11:48)
Vous nous faites rêver! de saveurs de paysages, de couleurs et de rencontres! hâte de lire la suite!
klervi (lundi, 13 juin 2016 10:57)
Hahaha, que d'aventures ! Gros bisous de Barcelona d'où Nirina et moi vous lisons :-)
Bisous