Sarajevo - Foca: retour dans les Alpes... dinariques

On quitte Sarajevo pour se diriger vers le Sud. On a beau chercher, il n'y a pas vraiment d'alternative à la route principale... Les paysages deviennent très beaux à mesure qu'on se rapproche de Mostar, les montagnes s'élèvent, les vallées se creusent - mais la circulation ne permet pas d'en profiter vraiment... 

 

La ville de Konjic est une base idéale pour s'immerger à nouveau dans la nature bosnienne. Région des canyons de la Neretva et de Rakinitca ainsi que des lacs Boračko et Jablanica, elle abrite aussi le célèbre bunker de Tito que l'on ne pourra malheureusement pas voir (il a été créé pour pouvoir accueillir toute la classe dirigeante yougoslave - 350 personnes - en cas d'attaque nucléaire).

Vue sur Konjic, du lac de Jablanica

 

Apres une journée à se prélasser sur les bords du lac artificiel de Jablanica (ci-dessus), nous nous offrons une journée canyoning dans le canyon de la Rakitnica, un de plus sauvages d'Europe.

 

Une fois dans le canyon, on ne peut y entrer ou en sortir que plusieurs kilomètres plus loin, sauf à escalader les parois des falaises autour de nous. 

 

La beauté du paysage sera malgré tout ternie par le peu d'eau dans le canyon (mauvaise saison, la meilleure étant au printemps) ainsi que par l'organisation défaillante (retour dans le noir à 22h notamment). L'expérience fut sportive finalement, et le manque d'adrénaline due au peu d'eau fut d'une certaine manière compensé par la peur de devoir passer la nuit dans le canyon ! 

Notre guide, à droite, s'est révélé être meilleur pêcheur que guide (et il n'a pêché qu'un petit poisson, c'est dire...).

 

Apres ces quelques jours à Konjic, nous continuons notre route vers Mostar par la montagne, par un chemin macadamamamia comme on dit dans le jargon italo-yougoslave. Alors que les prémices de l'orage se font ressentir, nous trouvons refuge dans un hameau fantôme, guidé par une faible lueur provenant d'une maison, après s'être faits refoulés d'un premier bâtiment en construction, déjà pris... par un troupeau de vaches, plus rapides à s'abriter que nous.

 

Les sourires de Malina et de son frère Gojko nous accueillent. Ils nous proposent de planter nos tentes dans une des maisons voisines abandonnées pendant la guerre et de venir boire le cafe chez eux. De passage chez leur parents (voici leur père Nedjo ci-dessus), derniers résidents du hameau,  ils nous parlent de leurs familles,  nous montrent les activités journalières (traite des vaches - en son par ici -, travail au champs, atelier menuiserie...) en nous font savourer plats, petit dèj et rakia, uniquement à base de produits maison. 

Avec Gojko, Michele et Malina : živeli !

 

Revigorés après cette nuit au sec, nous reprenons de la hauteur le long d'une route sinueuse (et caillouteuse) pour surplomber le lac de Boračko situé dans un magnifique cirque (ci-contre).

 

On peste quand même un peu sur cette route dont les nombreux cailloux nous donnent l'impression de devoir redoubler d'efforts pour grimper. Un petit bout est cependant goudronné, et peut-être que le reste suivra : cette route deviendra alors sûrement sans conteste plus passante, car les paysages sont vraiment beaux. 

On mouline sur un grand plateau jusqu'à une petite station de ski, Rujište  (avec une piste seulement et quelques baraques).

 

A plusieurs reprises, on tombe sur des "stećci" au bord de la route, des tombes médiévales vraisemblablement bogomiles (une "hérésie" chrétienne présente notamment en Bulgarie et en Bosnie au Moyen-Age).

 

Quelques kilomètres plus loin, la vue les lacets que l'on s'apprête à descendre et sur le fleuve de la Neretva qui serpente la vallée jusqu'à Mostar est d'une beauté vertigineuse.

 

Mostar, connue pour son vieux pont et le vieux quartier ottoman qui l'entoure, est un peu trop touristique pour nous, qui avons plus l'habitude d'être presque seuls au monde que noyés dans la foule.

 

Le fameux pont, construit en 1565, puis détruit par l'armée croate en 1993 fut reconstruit en 2004 grâce notamment à des fonds internationaux, mais malheureusement sans que les Mostari contribuent aux travaux.

 

Le pont offre également l'opportunité à l'équipe de voltigeurs mostari de sauter du pont pour quelques euros récupérés auprès des touristes. 

 

La ville, coupée en deux suite à la guerre (un quartier croate à l'Ouest et un quartier bosniaque - c'est-à-dire musulman - à l'Est), est loin de voir les différends entre ces communautés cicatriser (malgré les espoirs de la fresque ci-contre).

 

Et ce n'est probablement pas la statue de Bruce Lee (ci-dessous), érigée en 2005 et censée symboliser la réconciliation entre les deux communautés et parler aux jeunes de toutes les communautés, qui changera la situation... mais c'est peut-être un petit pas en avant. 

Vue sur Mostar et son fameux pont, passant au dessus de la Neretva, connue pour sa couleur turquoise.

"Bruce Lee, ton Mostar"

 

Notre route se poursuit au sud de Mostar, à Blagaj, où Michele, notre ami italien avec qui on a passé la dernière semaine, continue sa route vers Dubrovnik puis le Sud de l'Italie. 

 

Blagaj est connue pour abriter la source de la rivière Buna, qui coule à l'intérieur d'une falaise de 200 mètres et jaillit de la grotte ci-contre, au bord de laquelle fut construit un "tekke", lieu de retraites pour les derviches (des soufis connus pour leur art de la danse, en particulier en Turquie). Le lieu appelait certainement à la retraite et à la méditation, mais cette époque semble lointaine, vu le nombre de touristes qui s'y pressent... Mais il faut dire que le site vaut le détour... 

 

Plus au sud, on arrive ensuite à Stolac, qui compte l'une des plus grandes nécropoles de "stećci" du pays, dont plusieurs décorées d'un petit bonhomme qui fait coucou et qu'on dirait tout droit sorti d'une BD moderne... Les belles mosquées de la ville ont elles aussi souffert de la guerre, mais la grande mosquée, qui avait été détruite et jetée dans la Bregava, a été reconstruite à l'identique. Pas sûr que ça suffise à effacer ce qui s'est passé par contre, mais c'est quand même bien qu'on puisse toujours la voir.

 

 

Une longue route traverse la Bosnie d'Est en Ouest, et on se sent un peu comme des cowboys (et cowgirl) solitaires dans ces paysages de montagnes arides. 

 

On remonte ensuite l'est du pays, le long d'une route qui va de Krivača à Foča, et on passe de paysages méditerranéens aux forêts touffus des climats continentaux. 

On tombe à Gacko sur le portrait ci-contre de Ratko Mladić... qui fut le général de l'armée de la république serbe de Bosnie notamment responsable, à son niveau, du génocide de Srebrenica. Le travail du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (qui l'a condamné notamment pour génocide et crime contre l'humanité, rien que ça) permettra au moins de rendre plus difficilement plausibles les thèses des négationnistes. Cela va sans dire, il y a eu (malheureusement) des atrocités dans tous les camps pendant les guerres en ex-Yougoslavie... 

 

La route grimpe jusqu'à Čemerno, où elle se divise soudain en deux, sans aucun panneau. On choisit - au hasard - d'aller à droite, en espérant ne pas avoir à la remonter, vue la longue descente. Mais en bas, on découvre que le pont qu'on devait emprunter s'est écroulé (ci-dessous)... Des voisins nous indiquent qu'on peut quand même retrouver la route, mais il faut passer à travers champs, soulever les vélos au-dessus d'une barrière, traverser un jardin... 

Gaetan vous ouvre la porte sur les beautés de la Bosnie...

 

On traverse le parc national Sutjeska, mais le temps n'est malheureusement pas de la partie pour aller le découvrir à pied (la plupart des lacs, cascades et montagnes sont inaccessibles en vélo). 

 

Après Foča, on trouve abri dans une scierie, où nous accueille Sladko (à droite), dont le nom signifie "sucré" ou "doux" dans les langues slaves... et ça lui va bien ! Il est gardien de nuit, et joue du synthé (ou a joué) dans le groupe Goci Bend

 

Quelques kilomètres plus loin, le long de la Drina (celle du fameux pont), c'est déjà le Monténégro...

 

Quelques images pour finir ce beau séjour en Bosnie Herzégovine sur nos rencontres avec la faune locale...

Rien ne sert de courir, n'est-ce pas...

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Commentaires: 3
  • #1

    M.france (jeudi, 08 septembre 2016 13:11)

    j'apprécie la fresque qui représente les deux arbres et les deux profils.

    Bien joué le photographe.

    A bientôt M.france

  • #2

    Catherine (jeudi, 08 septembre 2016 21:37)

    reportage toujours aussi sympa...
    merci de nous associer au voyage!
    Bisous
    CD

  • #3

    Joanne (jeudi, 08 septembre 2016 23:09)

    Magnifiques photos !! C'est génial de pouvoir vous suivre dans ce fantastique voyage ; vos photos sont souvent superbes, et particulièrement époustouflantes dans cette partie sur Sarajevo !
    Profitez bien de tous ces moments magiques !
    Je vous embrasse bien fort et vous remercie pour la carte de Belgrade qui m'a fait très plaisir !
    A bientôt !! Joanne