Cluj-Orsova : Carpahuter la Transalpina

"Votre produit beauté  du voyage ? Le marc de café, magique, et efficace !" Car il peut notamment servir... de gommage pour la peau ! (Elena n'a pas autant bronzé) 

 

Cluj derrière nous, nous prenons les petites routes vers Alba Iulia. A peine la tente montée, quelques gouttes nous tombent sur la tête : il va falloir manger froid et dans la tente, car l'accalmie n'arrivera qu'à l'aube... 

 

Au réveil, en sortant la tête de la tente, un "oh la vache" nous échappe en voyant tout un troupeau débouler à quelques mètres de la tente...

L'une d'entre elles, ci-contre, nous observe avec des yeux aussi ébahis que les nôtres... 

 

Quelques minutes plus tard, un vieux berger à leur poursuite (ci-dessous)  nous lancera : "L'ours ne vous a pas encore mangé ?" Il a tellement plu cette nuit que le niveau de la rivière à côté a beaucoup monté : les vaches ont pu aller voir l'herbe de l'autre côté (toujours plus verte, c'est bien connu), mais le berger ne peut pas passer...  On discute un peu, il nous parle de son fils en Espagne, où il n'est jamais allé, car il ne peut pas quitter la ferme. Et des 300 ou 400 bêtes du village "à l'époque", qui n'en compte désormais plus qu'une vingtaine. La Roumanie, comme d'autres pays de la région, connaît une désertification des campagnes et un exode inquiétant.

A la recherche des vaches perdues... 

On passe par de très jolies routes et villages, comme Rimetea, "le village où le soleil se lève toujours deux fois", à cause d'une falaise à l'Est. 

 

A Aiud, nous rencontrons Greg, un Polonais en vélo de course, en route vers une expérience de volontariat près de Sibiu. Il fait un petit bout de chemin avec nous, et fait preuve de patience à la fois envers notre rythme plus lent dans les côtes, et les portions de la route non goudronnée. C'est seulement 10% de la route, mais quand on roule 10 fois moins vite sur ces portions, le temps paraît plus long...

Notre compagnon de route nous permet d'avoir de rares photos de nous à vélo.

Avec Greg, près d'Alba Iulia

Juste avant Alba Iulia, plus moyen d'éviter la grosse route, qui fait aussi peur que celle avant Cluj. Surtout quand un chien a choisi pour cachette un endroit où la route se rétrécit : il s'élance au passage de Gaetan, puis fait face à Elena... Il vaut mieux pédaler vite dans ces moments là ! Nous avons entendu toutes sortes de techniques de cyclistes contre les chiens errants (ou pas), qui prennent les vélos pour cibles : des petits cailloux, des bâtons, des sifflets à ultrasons... Peter, que nous avions rencontré en Autriche, conseillait lui de s'arrêter - mais mieux vaut avoir beaucoup de courage ! 

 

A Alba Iulia, une jolie cité médiévale en Transylvanie, Andrei et sa famille nous accueillent les bras ouverts. Andrei est un déglingo de la pédale : il n'hésite pas à faire parfois des journées comptant 22h de vélo, ou d'avaler 300 km dans la journée (dont des cols)... Ils nous donnent de très bons conseils sur les routes de la région, et en particulier sur la Transalpina, une route "mythique" en Roumanie (qui, avec la Transfăgărășan, est la route la plus élevée du pays), et nous fait visiter le vieux centre de la ville, qui commence à se faire connaître par les touristes - légitimement. 

A partir de Sebeș, les collines s'élèvent petit à petit. Ci-dessus, au premier lac de la Transalpina, Tău-Bistra.

Les Carpates sont un peu les Alpes roumaines, d'où, sans doute, le nom de cette belle route.

 

Après un premier col pour entamer la Transalpina, nous installons notre bivouac au bord du lac Oașa, avec une vue imprenable depuis notre lit. Et la pluie s'arrête même pour nous laisser profiter du paysage.

 

Les "choses sérieuses" commencent le lendemain, où nous devrons passer deux cols, qui sont encore 500 mètres plus haut que ce premier col, qui n'était qu'une mise en jambes. On espère que le temps se lèvera, car les nuages couvrent presque tout le ciel. 

Le lac Oașa

Un aperçu des premiers lacets - beaucoup d'autres suivront...

 La route Transalpina, plus haute route de Roumanie fait près de 150 km de long, et culmine à 2145 m, de quoi nous donner des frissons à foison.

 

En effet, la montée  nous fera tituber d'efforts dans d'interminables lacets pour une arrivée stressante dans les nuages. Ci-contre, Gaetan s'apprête à disparaître dans la brume, au milieu de laquelle on ne verre littéralement pas plus loin que le bout de nos nez. Le vent, tout d'abord bienvenu quand il nous poussait dans le dos, commence à se faire d'autant plus violent qu'il n'y a plus aucun arbre pour l'arrêter. 

 

Après un premier col, où nous nous abritons dans une petite cabane pour reprendre des forces, nous repartons pour le sommet, le col Urdele. Les bourrasques de vent nous font mettre pied à terre : impossible de rester en selle. A quelques lacets du sommet, le souffle a pris une telle puissance qu'il bloque Elena contre une des barrières de sécurité (heureusement d'ailleurs qu'il y en a), qui ne parvient à s'en détacher qu'avec l'aide de Gaetan. Les voitures roulent au pas, l'une d'entre elles s'arrête même pour nous proposer de nous aider.

 

Cette experience, certainement l'une des plus effrayantes du voyage, nous rappellera l'excellent livre de science fiction d'Alain Damasio, La horde de contrevent.

Impossible bien sûr dans ces conditions de prendre la moindre photo, l'appareil se serait envolé, mais voici la photo ci-dessus (trouvée sur Internet) qui vous donnera une idée de la route, par meilleur temps. 

 

La descente surplombant les montagnes et plaines roumaines sera beaucoup plus réjouissante et notre compteur dépassera pour la premiere fois les 65 km/h pour retourner sur terre, où le soleil nous attend (enfin). 

 

Ci-contre, les lacets de la descente vers Novaci. 

Au loin derrière les nuages, le col d'Ursule, qu'on est bien contents de quitter.

 

A partir de Novaci, et dans toute la région autour de Târgu Jiu, impossible de manquer le fait que nous nous trouvons dans la patrie de Brâncuși, un sculpteur roumain qui a beaucoup travaillé en France - son atelier, légué à la France à sa mort, a été reconstitué à côté du centre Pompidou à Paris ; c'est comme un petit clin d’œil, nous qui voyageons dans l'autre sens... 

 

Ci-contre, la Colonne Sans Fin, à Târgu Jiu. 

 

Dans le parc de la ville, où d'autres de ses oeuvres sont visibles, un ado nous accoste pour nous poser des questions sur le voyage. Il n'a qu'une phrase en bouche : "it's fucking awesome!" Il faudra presque batailler pour repartir et refuser son invitation à dormir chez lui, car nous avons de la route, et rendez-vous à Belgrade dans quelques jours...  

 

On continue vers Baia de Arama, qui se trouve pile au niveau du 45e parallèle ! Deux petites dames sur un banc nous conseillent de poser notre tente ce soir au stade de foot de la ville... 

 

Le stade de foot, lieu social par excellence notamment à la campagne, est omnipresent au cours de notre voyage, en tant que source d'eau, lieu de bivouac, espace de petit déjeuner, voire cabine de douche (à suivre dans un prochain article...). 

 

Un petit monsieur très sympathique, qui garde ses chevaux à côté, vient discuter avec nous au petit matin.

 

Devant les tribunes aux couleurs de la Roumanie, on petit-déjeune, sur le banc des remplaçants "invités" bien sûr ! 

Pour conclure notre périple roumain et retrouver la Serbie de l'autre cote du Danube, nous suivons la rivière Cerna sur une route magnifique alternant végétation luxuriante et menhirs géants. 

 

Proche de Baile Herculane, une des stations thermales les plus anciennes d Europe située au cœur de la vallée, une foule de gens en maillots de bains s'agglutine en contrebas de la route. 

 

Des bains naturels en libre accès 24 h sur 24 nous feront profiter du bienfait de ses eaux sortant de terre à pres de 60°C.

 

Ci-contre, la source Scorillo, l'une des sept de Baile Herculane. "Température : 58° C" ! Heureusement qu'on se baigne un peu plus bas, mais l'eau est quand même sûrement encore à plus de 40°C ! 

 

Ces bains nous font réfléchir sur le fait que privatiser des sources d'eau chaude (comme c'est le cas en Hongrie, mais aussi dans beaucoup d'autres pays) est aussi choquant que de privatiser l'accès à des lacs. Les Roumains ont bien raison, espérons que ça dure. 

Après Où est Charlie, où est Gaetan?

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Commentaires: 6
  • #1

    M .france (dimanche, 07 août 2016 17:17)

    j'ai trouvé Gaetan
    A bientôt
    M.F.S

  • #2

    Anne-Sophie C (lundi, 08 août 2016 22:02)

    Très sympa encore ce nouveau récit !! On revit les aventures avec vous et on imagine bien les paysages !! Bonne route :)

  • #3

    Anne Marie (mardi, 09 août 2016 12:44)

    Avec Marie France je découvre votre site fort intéressant.Les noms de ville de Roumanie me rappellent de bons souvenirs de mon voyage en Roumanie en 1973. Bonne route à tous deux et bon courage dans les Carpates

  • #4

    Mme Anonyme (dimanche, 14 août 2016 15:36)

    Elena, ça te va très bien, le marc de café.

  • #5

    catherine (lundi, 15 août 2016 21:26)

    merci pour tous ces petits reportages où on peut suivre vos aventures en tout genre...
    et avec les photos , on est presque près de vous...

  • #6

    Elena (lundi, 29 août 2016 18:06)

    Merci Mme Anonyme :)